Cinéma en série

Split, le trouble (dissociatif) qu’il a provoqué en moi

Split film M Night Shymalan

J’attendais Split depuis que sa sortie était annoncée. Et je l’ai vu deux fois. On peut donc dire que je l’ai apprécié.
Pour faire un court résumé, trois adolescentes se font enlever et séquestrer. Leur geôlier se trouve être Kevin Grumb, un homme atteint de personnalités multiples. Au fil du film, on découvre que parmi ses 23 personnalités, un trio contrôle le “projecteur” préparant l’apparition d’une 24ème personnalités jusqu’alors inconnue.

J’attendais ce film notamment pour voir la mise en scène des différentes personnalités et ici, je trouve que James Mc Avoy s’en sort particulièrement bien. Bien que les personnalités mises en avant ici soient complètement différentes : un homosexuel, un homme maniaco-pervers, une femme autoritaire et un enfant de 9 ans, l’acteur nous permet d’identifier chaque personnalité de façon distincte avec simplement son expression faciale et sa gestuelle. Aucun signe extérieur n’est forcé pour que le spectateur comprenne les changements et, pour moi, cela est d’une grande performance.

 

Bien que parfois les plans étaient particuliers : pas centré, plan isolé de caméra de sécurité, un artefact au premier plan… Il y avait tout de même des plus plans travaillés selon moi (dont j’ai aimé la géométrie.

Par exemple, le tout premier plan des filles dans leur cellule qui, par la présence d’un tuyau descendant sur le mur, montrait la séparation réelle entre le trio : Kasey (le rôle féminin principal) d’un côté et les deux autres de l’autre.

La relation de confiance que « Kevin » entretient avec sa psychologue, Docteur Fletcher, est très intéressante. Nous voyons que la femme est très avenante et disponible pour ses patients, elle les comprend et sait comment leur parler. Elle se bat pour lui, pour eux, seule contre tous et c’est qui est le plus touchant dans le film.

 

Je reste quand même sur ma faim !

On me vend un film où le personnage principal a 23 personnalités multiples. Pourtant je n’ai vu que 5 personnalités réellement. Étant chacune assez opposées (une femme, un petit garçon, un maniaque, un homosexuel et une « bête ») on a ici un aperçu assez efficace de ce que peut être le syndrôme de personnalités multiples et les capacités de dissociation du cerveau humain. Pourtant je suis frustrée de ne pas en avoir vu plus, de ne pas avoir vu les différents trait de caractère plus subtil qu’il y a entre les personnalités. Bon okay, vers la fin nous voyons une personnalité qui est la seule à avoir du diabète, mais j’aurai voulu plus : une qui est gauchère, une qui fume, une qui n’aime pas le poivron… Pourquoi pas !

Ici l’histoire nous parle de la sous-estimation de ce syndrôme aux yeux des professionnels et met en avant les différentes souffrances que peuvent vivre les deux personnages principaux. Toutefois on ne connaît pas – ou que très furtivement – les raisons pour lesquelles Kevin a développé ces différentes personnalités et cela parce que l’on met davantage les maux subis par le personnage de Kasey en avant. C’est d’ailleurs par elle que le scénario et le dénouement prennent leurs sens, les flashbacks, illustrant son attitude réservée, deviennent de plus en plus présents dans le film et plus révélateurs.

 

Enfin, la réalisation permet aux spectateurs d’imaginer la fin qu’ils souhaitent voir puisque nous faisons face à une scène ambiguë qui ouvre toutes les possibilités : va-t-elle rentrer chez elle sans rien dire ou dévoilé sa situation pour ne plus la subir ? Une fin comparable à Gone Girl ou Shutter Island, si je peux me permettre cette comparaison, deux fins sont imaginables.

Personnellement, ce sont des fins que j’aime. Tu réfléchis au film, selon ta sensibilité tu créées un dénouement plus ou moins heureux… Et puis, les fins ouvertes donnent lieu aux débats. Les interprétations divergent, chacun prouve par des citations ou des extraits qu’il a mieux suivi le film que l’autre et donc que sa fin est la meilleure voire même celle qu’aurait imaginé le réalisateur si il était allé jusqu’au bout.

 

Obit-Billy Milligan

In this photo taken on Feb. 3, 1984, Billy Milligan, right, and attorney L. Alan Goldsberry sit in court in Columbus, Ohio. Milligan, believed to be the first person to use a multiple personality disorder in an insanity defense, died Friday, Dec. 12, 2014, at a Columbus, Ohio, hospital. He was 59. (AP Photo/The Columbus Dispatch, Mary Circelli)

Et Billy Milligan dans tout ça ?

Je ne sais pas si mon objectivité est impartiale ici : mes attentes étaient grandes ayant lu les livres traitant du cas « Billy Milligan ». Cet homme, qui a inspiré « Split », qui a réellement eu le syndrôme de personnalités multiples au point d’en voir naître 23. J’ai développé pour Billy Milligan une certaine empathie au fil des pages écrites par Daniel Keyes. On y découvre l’intégralité de son parcours depuis la découverte du syndrôme. Mais si dans le film j’ai retrouvé quelques références (l’idée du projecteur lumineux ou des personnalités attendant la place sur des chaises), j’aurai aimé que le réalisateur pousse l’inspiration un peu plus loin. Dans « Split » nous basculons vers de la SF et ce sont les personnalités indésirables qui sont le plus mises en avant amenant l’idée que les personnes souffrantes de troubles dissociatifs de l’identité sont dangereuses, hors de la réalité. Que l’on soit bien clairs, si Kevin avait eu 8, 17 ou 40 personnalités, l’histoire aurait été fidèlement la même. On ne nous montre des différences entre les personnalités que de façon gadget. Pour reprendre cet exemple, on apprend à la fin qu’une seule personnalité de Kevin avait du diabète et devait se faire des injections d’insuline. Oui et alors ?

En autre, Billy Milligan avait une personnalité qui était le gardien de la colère, un yougoslave à la force herculéenne du nom de Ragen, une autre de ses personnalités leader était un anglais qui avait une soif d’apprendre et de culture impressionnante, il y avait Tommy qui était la personnalité la plus maligne et qui arrivait à sortir Billy de plusieurs situations délicates, Dany apparaissait quand on faisait du mal à Billy… chacune d’entre elles apparaissait pour accomplir un rôle. Ici, nous ne voyons que Dennis, Patricia et Hedwig en action et ils sont tous les trois apparus pour accomplir la même mission : accueillir « la bête ».

 

Et ca m’embête de ne pas avoir vu davantage de caractéristiques singulières dans les personnalités du rôle joué par James McAvoy parce que, justement, ce sont des entités à part entière et c’est ce qui est le plus fascinant !

Une personne lambda utilise que 10% des capacités de son cerveau (mythe ou réalité ?), j’imagine donc qu’une personne ayant ce syndrôme utilise différemment son organe moteur permettant ainsi autant de distinction entre ses diverses personnalités. Ces personnes seraient donc capable d’utiliser davantage de capacité ou en tout cas de diversifier ses mécanismes neuronaux et/ou psychiques. Elles pourraient donc être plus évoluées et pourquoi pas avoir des capacités hors normes, comme ne pas ressentir la douleur, avoir des sens plus développés… C’est ce qui se passe avec « la bête » mais intégrée dans ce scénario je n’ai pas été complètement convaincu.

To be continued…

Toutefois, si Split vous a plu, je vous invite alors à lire « les 1001 vies de Billy Milligan » et « les 1001 guerres de Billy Milligan », tous les deux écrits par Daniel Keyes. Ils sont facile à lire et rapporte au plus près – grâce aux témoignages de proches, à la relation que l’auteur avait nouée avec Billy et au témoignage direct du concerné – son histoire et les différents traitements qu’il a reçu (médicaux, médiatiques ou encore humains) à une époque où le syndrôme de personnalités multiples n’était pas une maladie reconnue. C’est vraiment une histoire touchante qui nous révèle différents comportements humains et qui nous montre le raisonnement et la perception d’une personne atteinte de ce trouble. Je vous conseille donc de les lire et de voir le film, si ce n’est toujours pas fait !

 

Ca s’agite dans la cinémasphère puisque si l’on sait que Martin Scorsese va réaliser un biopic sur Billy Miligan avec son fétiche Léonardo Dicaprio, on sait aussi qu’il va bien y avoir une suite à Split et qu’elle promet d’en dire plus, beaucoup plus ! Je vous laisse lire l’article ici : http://hitek.fr/actualite/glass-suite-incassable-split-bruce-willis-samuel-jackson_12792

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